samedi 9 mai 2009

LE CLUB RESIDANT, MYTHE OU REALITE?

CE RAPPORT A ETE REDIGE EN 1998.
IL RESTE D’ACTUALITE.




LES FAITS



Tandis que le chantier du Stade de France se poursuivait sans heurts, un feuilleton aux mille rebondissements lui était associé par voie de presse des l’hiver 1995, le choix de son club résidant. Les péripéties de ce conte pour adultes avertis se sont avérées aussi ubuesques qu’incertaines.
Dans ce Dallas au royaume du sport, rien n’a manqué pour tenir en haleine le public, ni l’argent, ni la politique, ni les héros plus ou moins fatigués, ni le mélange flou des intérêts privés et des intérêts publics, ni les règlements de compte, et ni l’amour enfin, celui du foot bien sur, en tout bien tout honneur…
Si au fil de l’action les méchants et les gentils ont tendance parfois à se confondre, et c’est dommage pour la clarté de l’histoire, chaque contrecoup en tous cas fait battre les cœurs un peu plus vite.




DES CHOIX FACTICES



On peut se demander d’ailleurs quelle est la finalité réelle de tous ces rebondissements. En effet, sauf à invoquer saint Glin-Glin, et cela n’en ferait jamais qu’un de plus après saint Denis et saint Leu, chacun sait depuis le premier jour qu’il n’existe qu’une seule possibilité crédible pour loger rapidement un résidant au Stade de France, y installer le PSG avec armes et bagages.
Les contraintes sportives étant ce qu’elles sont pour atteindre le plus haut niveau, et aucun passe droit n’étant en principe envisageable, rien de tel qu’un club opérant déjà en D1 pour investir cet équipement de luxe. !
Malheureusement, l’intéressé fait depuis le début la sourde oreille au chant des sirènes politico-institutionnelles (Le Parisien du 16/02/96). D’abord, il bénéficie du Parc pour quatre sous, et ne va pas plomber son budget pour venir se parachuter dans la banlieue nord, ensuite, des tas de raisons ne vont pas dans ce sens (supporters, image du club, sponsors, accords avec la ville de Paris, etc.).
Dans cette logique et en second rideau, l’hypothèse Red Star est évidente ( Red Star = Etoile Rouge en bon français, une dénomination qui fleure bon le sport soviétique de la grande époque du rideau de fer), d’autant plus que le choix de privilégier un club de Seine-SAINT-DENIS a été retenu pour cause de « couleur locale », une fois écarté le PSG, ultra prioritaire. Ce club opère en D2, quelle est la division la plus proche de la D1 sinon la D2… Ceci précisé, il y a loin de la coupe aux lèvres. Voilà des années qu’il rame pour essayer d’accéder à la D1, jusqu’à présent sans succès. Son problème, c’est sa dépendance au Conseil Général PC du 93 dont il est devenu un instrument politique. Les difficultés considérables qui en résultent, sont développées un peu plus loin dans ce même document.
Constat négatif après constat négatif, on atteint le troisième palier de pertinence, à savoir l’éventuelle promotion dans des délais 2 à 3 ans, d’un club issu du National. Attention les yeux, tout continue à se compliquer. Deux clubs du 93 évoluent en National, l’Olympique NOISY-LE-SEC BANLIEUE 93, et le CM AUBERVILLIERS, mais il est possible d’imaginer pour des raisons de stratégie politico-sportive des montages singuliers, afin d’y accrocher d’autres wagons, tels que par exemple et comme nous le verrons également par la suite, le RACING 92 et SAINT-LEU V.O. En effet, on peut participer au championnat de National depuis des années, mais ne pas soulever l’enthousiasme de l’establishment pour autant, surtout avec le Stade de France en ligne de mire, et c’est la cas de NOISY-LE-SEC BANLIEUE 93. Il convenait donc d’imaginer des solutions de repli pour éviter tout problème à ce niveau.
De ce tableau, allait résulter une situation aussi confuse qu’irrationnelle. Si ce n’est pas « Main basse sur la ville », c’est au moins « Main basse sur le foot ».
. Nous allons essayer de prendre les choses dans l’ordre.
Tout d’abord, soyons clairs, faire appel à un club du National en comptant sur un bon karma et sur la chance pour qu’il aille au bout, implique que les responsables d’une telle démarche ne connaissent rien au foot de haut niveau. Si les choses étaient aussi simples, ça se saurait, et Valenciennes ne serait pas en CFA, ni Sedan en National, ni Saint –Etienne en D2. Il est vrai que chaque tirage du loto désigne un gagnant parmi des centaines de milliers de joueurs. Tout peut donc arriver dans la vie . Mais quand même…
Il s’agit en l’occurrence d’une formule bidon qui ressemble davantage à un faux fuyant qu’à autre chose.
Pour être crédible et se donner des chances d’aboutir, si c’est vraiment le but recherché, il convient donc de prendre le taureau par les cornes. Pour qu’un grand club de la banlieue naisse et s’impose immédiatement en tant que résidant au Stade de France, il suffit que les décideurs le veuillent vraiment, et qu’ils s’en donnent les moyens en prenant les décisions appropriées.
Cela passe par plusieurs questions qui impliquent des réponses claires :
- Sur quelle base constituer un grand club de banlieue doté d’une identité reconnue, en phase avec la population, capable de la motiver et de la « bouger » positivement, et auquel elle s’identifie ? Qu’est-ce que ce cahier des charges implique comme partenariat dans le domaine du foot en banlieue, de spécificités propres à la dynamique du projet, de finalités péri-sportives liées aux phénomènes sociaux à prendre en considération, comment constituer une éventuelle plate-forme ?
- Quels moyens les instance sportives peuvent-elles mettre en œuvre au nom de l’intérêt général, pour permettre à ce club d’accéder sans délais à la D2 voir à la D1 ?
- Sous quelle forme et à quelle hauteur le doter financièrement, afin qu’il puisse faire face à ses obligations. Un budget de 200 millions de francs au bas mot lui sera d’emblée indispensable, si on attend de lui qu’il joue un rôle significatif en D1 dont 73 millions de loyers pou le consortium ( ???????), et le reste destiné au fonctionnement, ce qui serait d’ailleurs limite.
- Quelle forme juridique retenir ?
A défaut d’engager réellement et dans son intégralité une telle démarche, il n’y aura probablement jamais de club résidant au Stade de France. Ceux qui nous manipulent depuis deux ans le savent parfaitement. On peut donc s’interroger sur la signification réelle de leur manège. S’ils occupent le terrain avec des faux semblants, à grands coups de battage médiatique, ce n’est probablement pas sans raisons.
Quels sont les vrais enjeux d’argent en sous-main ?
Le Stade de France ne serait-il pas l’un de ces carrefours politico-économiques confus que sait si bien générer le système, où le fric public et le fric privé se mélangent allègrement, dans une confusion très pratique.



LES ENJEUX


DES HISTOIRES DE POIGNON

Au moment de la signature du marché de construction avec l’état, le Consortium (pool des bétonneurs, tous les gros…), a garanti ses arrières. Intéressé directement au montage financier en partenariat avec le gouvernement, il en attendait des retombées significatives pour les actionnaires. Il a donc imposé des clauses draconiennes quant à l’utilisation de l’équipement, et en particulier un club résidant, au risque pour la collectivité nationale si celui-ci n’était pas trouvé, d’avoir à lui verser des sommes pharaoniques.
En effet, les chiffres cités dans la presse sont édifiants. La location du Stade de France coûterait chaque saison sportive 73 millions de francs (sept milliards trois cent millions de centimes), à son locataire. Pour 25 rencontres en moyenne, championnat et coupe confondue, cela met le stade à 2.920.000frs par match. En plus, le Consortium conserverait à son profit les retombées publicitaires directes, ainsi que diverses recettes d’exploitation.
En l’absence d’un club résidant, l’état s’engageait à payer ce loyer sur sa propre cassette.
Il faut savoir que 73 millions constitue une somme supérieure au budget total de nombreux clubs pro ! Avec ce budget, ces mêmes clubs parviennent donc à payer non seulement leur stade, mais aussi l’équipe, les cadres, le matériel, les déplacements, et autres bricoles. Et il faudrait, selon les termes du ministère, qu’un nouveau venu soit en mesure non seulement de gagner sa place en D1 en deux ans, mais aussi de trouver les 73 millions du Consortium (curieuse priorité !), et autant pour fonctionner. Est-ce bien raisonnable comme dirait l’humoriste ?
On est en droit de se demander ce qu’un tel chiffre cache comme intentions réelles ? Et si le véritable objectif était de faire prendre aux contribuables des vessies pour des lanternes, d’occuper le terrain avec la saga du club résidant sans aucune illusion sur sa conclusion, de constater le moment venu l’échec comme patent, et d’expliquer alors à tout un chacun que malgré les efforts consentis par les pouvoirs publics, il ne reste plus à l’état qu’à mettre la main à la poche, afin que BOUYGUES, DUMEZ, et autre SGE, y trouvent leur compte au regard des accords conclu.
Pourquoi cette démarche tordue ? Pour faire passer la pilule de la dîme annuelle à verser au consortium en pure perte, évidemment.
Celle-ci nous est présentée comme allant de soi.
Nul ne semble s’interroger sur le montage financier initial, sur les contraintes aberrantes qu’il comportait, sur les engagements pris par des négociateurs irresponsables qui ne sont d’ailleurs plus aux affaires et s’en lavent les mains (le gouvernement Balladur).
Leurs successeurs assument le fait accompli.
Ils gagnent du temps en espérant qu’un heureux concours de circonstances les aidera à s’en sortir. En attendant, ils évitent de faire des vagues.
On retrouve la dedans tous les ingrédients d’un autre feuilleton qui lui aussi fleure bon le béton et l’affairisme, celui d’un périphérique lyonnais dont on a beaucoup parlé. La encore, les BOUYGUES et autres associés ont présenté une facture croustillante, la encore des engagements honteux avaient été pris, la encore la collectivité avait choisi de les honorer sans broncher et il a fallu la révolte des utilisateurs pour que le problème soit porté sur la place publique. La encore, le successeur de Michel NOIR, Raymond BARRE, avait choisi de ne pas faire de vagues.
Cette action de défense conduite par le milieu associatif revêt une dimension exemplaire. Que les utilisateurs-payeurs (de péage indus en la circonstance), se soient mobilisés, a permis de poser le problème sur la place publique et de contraindre les multinationales à un rapport de forces qui leur à fait perdre une partie de leur superbe.



LA POLITIQUE POLITICIENNE ET LE CLUB RESIDANT


L’argent et la politique font généralement bon ménage.
La construction du Stade de France n’a pas échappée à cette règle.
Commencée sous la droite, poursuivie sous la gauche, il faut espérer que cette aventure ne se terminera pas sous le Front National. En tous cas, ses péripéties passent par des alliances hétéroclites, des ambitions personnelles exacerbées, des bras de fer inattendus.
Au niveau des pouvoirs publics, Guy DRUT, alors ministre des sports RPR, à tracé le cadre de la position officielle. Il a désigné un chargé de mission, Alain GREMEAU, orienté ses démarches, cautionné ses choix, pris les premiers contacts politiques.
En nouant des alliances locales ave certains communistes à la marge (Jacques RALITE, maire d’Aubervilliers et Patrick BRAOUZEC, maire de Saint-Denis), il pensait probablement prendre des garanties sur le terrain pour éviter d’éventuels désordres dans les quartiers durant le Mondial. En effet, sans le nettoyage par le vide de la dissolution chiraquienne, il aurait été le maître d’œuvre suprême de la grand messe footbalistique. Bonnes raisons pour se prémunir contre d’éventuelles dérives.
Il savait également qu’à terme, de tels accords, plutôt bons pour se donner une image d’ouverture, s’avéreraient sans risques électoraux locaux pour son parti, puisqu’il s’agit de communes déjà acquises au PC.
Du côté des maires partenaires, le bonus valait le coup également. Cette opération garantissait des retombées durables sur site, au plan social comme au plan économique : emplois directs et indirects, centres de formation, médiatisation autour d’un grand club, etc. L’effet d’image qui en résulterait ne serait donc pas négligeable.
Dans notre vieille République, les échéances électorales sont toujours pour demain, et de ce point de vue au moins, l’affaire s’annonçait juteuse.
Cela explique que les critères de choix déterminants pour ce qui est du profil du club résidant n’avaient pas été établis en fonction des qualités intrinsèques de chaque dossier, mais au regard des finalités extra-sportives de la démarche.
Avec l’arrivée à la fonction de ministre des sports de Marie-Georges BUFFET, issue directement de l’appareil conventionnel du PC, changement à vue. Pas question pour elle de favoriser électoralement RALITE , ni surtout le jeune et ambitieux Patrick BRAOUZEC, déclaré comme dissident PC officiel et élu sous ce chapeau. Ni l’un ni l’autre ne sont conformes au profil des apparatchiks communistes, ce qui en fait des élus incontrôlables (sans oublier que BRAOUZEC lorgnait initialement lui aussi, vers le Ministère des Sports du gouvernement JOSPIN . Sa déception de ne pas être appelé fut probablement cruelle, et à l’origine de quelques tensions).
Dans ce contexte, et à défaut pour ces raisons internes au PC de pouvoir s’appuyer sur la procédure engagée par son prédécesseur, madame la ministre décida en toute logique de redistribuer la donne, non sans avoir tenté une nouvelle démarche énergique en direction du PSG. S’il pouvait venir quel soulagement !
Celui-ci ayant répondu définitivement par la négative, sans ménagements ni commentaires en signant un bail de 10 ans pour le Parc des Princes, la messe était définitivement dite.
Conséquences, exit Alain GREMEAUX, exit ses premières décisions, retour à la case départ, nouvel appel de candidatures sous une forme différente toujours en direction de la D2 et du National, dépôt de dossiers avec date butoir, battage médiatique, réunion au sommet pour étudier les nouvelles ( ?) propositions des uns et des autres.
N’en jetez plus la cours est pleine.


LE ROLE DES COLLECTIVITES TERRITORIALES


A MALIN MALIN ET DEMI

Elles ne se sont nullement désintéressées de l’affaire. D’un côté le Conseil Général de Seine-saint-Denis, qui protège le Red Star de son aile protectrice, n’a jamais cessé de faire valoir ses propres objectifs dans la négociation par Jean-Claude BRAS interposé. Ce dernier, ex élu communiste, est Président du club. Impliqué dans plusieurs affaires politico-judiciaires, il est aujourd’hui décrédibilisé et sous le coup de graves condamnations pénales. Très engagé dans la mouvance départementale du PC, il y joue un rôle économique de longue date.
Professionnellement, il conduit des opérations énormes de négoce international avec certains pays de l’Est, et ce à partir des amitiés qu’il a cultivé dans ces mêmes pays à la grande époque de l’Union Soviétique.
Les notables du foot, il connaît aussi, puisqu’il a présidé le district de Seine-saint-Denis pendant des lustres, et n’en a été mis à l’écart dans une certaine confusion que depuis deux ans.
Pour ce qui est du Red Star comme club résidant, la position du Conseil Général est simple :
« Le Stade de France, d’accord, mais quand nous le voudrons, et comme nous le voudrons. L’occuper en permanence, il n’en est pas question, ou alors gratuitement ».
Le conseil d’administration du club ne pouvait que s’incliner. Il dépend quasi totalement du financement que lui alloue le département. Un tel état d’allégeance crée des obligations et limite les revendications d’indépendance, d’autant plus que ce même département venait de payer au Red Star un stade Bauer tout neuf ! Alors, le Stade de France, vous comprenez…
De l’autre côté du périph, TIBERI tenait à conserver le PSG au Parc. Il y a réussi en y mettant le prix, pratiquement pour des raisons identiques à celles du Conseil Général du 93. Pas question de laisser s’évaporer dans un contexte dont la ville de Paris perdrait la maîtrise, les sommes considérables que la capitale a investi depuis des années en partenariat avec Canal+.
De toutes façons le PSG ne voulait pas du Stade de France. Au Parc tout va bien pour lui. Il tire de l’argent de la structure et y a fidélisé son public. Pourquoi viendrait-il se faire racketter par le consortium dans un nouvel environnement, avec des difficultés et des incertitudes à réguler.
Le PSG et le Red Star sont donc fixés à leur bailleurs politiques, aussi solidement que des « arapèdes (c’est ce qu’on dit à Marseille) », à leur rocher. Bien que les intentions de leurs financeurs institutionnels aient toujours été sans équivoques quant au Stade de France, le ministère des Sports fait semblant de n’en rien savoir lorsque dans sa stratégie du moment, il lui apparaît comme de bonne guère de citer ces deux clubs dans la liste actualisée des prétendants.
Les effets croisés de ces luttes d’influence fonctionnent comme des leurres, et contribuent largement au flou artistique qui entoure depuis le premier jour la saga du club résidant.


LES ACTEURS DE LA FARCE


DES RESIDANTS NON RESIDANTS

Une fois réglées les questions préalables du PSG et du Red Star, 4 prétendants issus du National restaient en course et se présentaient officiellement au départ après l’appel de candidature . Deux implantés en Seine-saint-Denis, :
Le CM AUBERVILLIERS et l’OLYMPIQUE NOISY-LE-SEC BANLIEUE 93
Et deux autres extérieurs au département :
Le RACING 92 et SAINT-LEU V.O 95
Bien que tout un folklore ait été développé pour la forme durant plusieurs mois autour de la mission dévolue à Alain GREMEAU, il fut rapidement patent que parmi ces 4 postulants, le club choisi par Guy DRUT était le C.M AUBERVILLIERS.
Plusieurs bonnes raisons justifiaient ce choix :
-Proximité géographique immédiate SAINT-DENIS/ AUBERVILLIERS
-Attitude volontariste des 2 communes.
-PC soft.
- Collaboration en principe facile d’élu à élu.
-Image positive d’AUBERVILLIERS par référence au concept « banlieue »
-Communauté d’intérêts socio-économico-politiques entre les parties.
Pas de doutes, il y avait là de quoi défendre le bout de gras, et occuper le terrain pendant des années si nécessaire, quelque soit l’issue de l’aventure. En effet, même si le ministère n’avait nullement l’intention de voir aboutir cette démarche, elle le dédouanait sans risques.
Et puis financièrement, il s’agissait d’une bonne affaire pour le club, puisque Alain GREMEAU avait annoncé un apport de 1.200.000 de francs sur deux ans, afin de mettre du beurre dans les épinards pour faciliter l‘accession en D1, puisqu’elle restait de mise pour rentrer au Stade de France.
Même Patrick BRAOUZEC avait promis de cracher au bassinet. Il apportait un million de francs annuels supplémentaires, à la condition que la ville de Saint-Denis figure dans la dénomination du club.
Pour le président Claude PIRONNET, qui tenait à l’époque la barre du CM AUBERVILLIERS, c’était l’Amérique, et il se voyait soudain dans la peau d’un Christophe COLLOMB atteignant sa terre promise. Si la seule contrainte pour toucher le pactole consistait à changer la dénomination du CM, pas de problème, la question serait réglée en deux coups de cuiller à pot.
Vite fait bien fait, il convoquait donc dans la foulée une Assemblée Générale à cette fin, et proposait aux membres du club d’appeler celui-ci dorénavant le SAINT-DENIS AUBERVILLIERS FC.
Manque de chance, il ne savait pas que dans son dos, des éducateurs salariés du club avaient monté, pour des raisons quelque peu mesquines, une grosse manip visant à torpiller le projet, et qu’au moment de passer aux voix, sa proposition allait être repoussée sans espoir de retour (LIBERATION du 8 MAI 1996).
De profundis, by by AUBERVILLIERS.
Alain GREMEAU et Patrick BRAOUZEC n’avaient plus qu’à repartir en chasse dare-dare, pour sauver au plus vite les apparences.
Parmi les 3 prétendants restant en course, l’OLYMPIQUE NOISY-LE-SEC BANLIEUE 93 était le seul qui disposait d’une véritable légitimité géographique, et qui avait déposé un dossier programme très complet. Problème, ce club sent le souffre, nous en reparlerons.
Quand aux deux autres
1) l’ancrage banlieue du RACING 92 n’était pas d’une évidence biblique (pour le moins !), et l’échec professionnel du défunt MATRA-RACING avait marqué les esprits.
2) SAINT-LEU LA FORËT venant s’implanter avec armes et bagages au milieu des cités, l’image était jolie mais ne faisait pas vraiment sérieux !
Après avoir vaguement tâté le terrain sans succès du côté de CRETEIL, du PARIS FOOTBALL CLUB, et d’EVRY, qui n’étaient pas candidats, mais qui en désespoir de cause auraient pu constituer des formules de remplacement moins humoristique, c’est la solution SAINT LEU LA FORËT qui était retenue en catastrophe.

A défaut d’être cohérente avec le projet, elle présentait quelques aspects posiifs non négligeables dans l’esprit des promoteurs :
- Le club se trouvait en grandes difficultés financières, et la ville, qui refusait de payer davantage était disposée à le lâcher sans contreparties pour se débarrasser du fardeau.
- L’équipe dirigeante était prête à céder sa place pour les mêmes raisons, donc pas de négociations problématiques à conduire
- Le fond de commerce avait une certaine valeur et de l’expérience : excellente image, bonnes équipes de jeunes, installations de qualité, cadres techniques fidélisés.
Pour le reste peu importait. Si par miracle l’accession en D1 se trouvait au bout, OK, dans le cas contraire ce n’était pas grave, puisqu’il s’agissait essentiellement de gagner deux ans et de faire un peu retomber le soufflé, pour s’arranger ensuite discrètement avec le Consortium selon les désirs de celui-ci. Ces bonnes gens du bâtiment n’en avaient que faire d’un club résidant dans leurs pieds. Ce qui les intéressait, c’était de toucher l’impôt et d’exploiter le stade à leur idée !
Vu l’état financier de SAINT LEU, on a mis à contribution EDF pour sortir du fric, que l’état le fasse directement aurait pu choquer quelques âmes sourcilleuses. Avec cet argent on a constitué un staff de luxe, comprenant, à défaut de Luis FERNANDEZ qui s’était poliment récusé, Didier NOTHEAUX, Dominique ROCHETEAUX, et quelques pro de premier plan pour caler l’équipe.
Le résultat de ces dispositions spectaculaires, on le connaît à présent. Après avoir éprouvé toutes les peines du monde pour se qualifier dans le nouveau groupe unique du National, SAINT DENIS SAINT LEU (BRAOUZEC était revenu à la charge pour que SAINT DENIS figure dans le nom), tente à présent de sauver sa place en championnat, et s’ils y parviennent ce sera déjà pas mal !
Les intéressés n’auront pas tout perdu cependant, en esquivant leurs problèmes de trésorerie pendant 2 ans, grâce au fric tombé du ciel.
Comme quoi, il ne suffit pas d’aligner les biffetons pour marquer les buts qui sauvent.

Pour info, ces trois clubs (RED STAR, AUBERVILLIERS, SAINT-DENIS SAINT-LEU) ont été relégués au plus bas par la suite, après avoir occupé le devant de la scène. Le budget investi par EDF et autres est donc à passer par pertes et profits. Pas de doutes, le stade de France ne porte pas chance à ses candidats locataires, à moins que ce soit la formule retenue pour les selectionner qui ait gravement dysfonctionné, mais sans doutes pas par hasard.



ET MAINTENANT


2 POSSIBILITES

En supposant que madame la ministre ne continuera pas à faire financer indéfiniment et à fonds perdus SAINT DENIS SAINT LEU par les clients d’EDF, dans l’attente d’une hypothétique accession en D1 (on est plus que loin du compte), deux possibilités se présentent :
La première consiste à recommencer le même processus avec NOISY-LE-SEC BANLIEUE 93 ou avec le RACING 92. Cela ne ferait pas rire :
« Après SAINT DENIS AUBEVILLIERS, et SAINT-DENIS SAINT-LEU, voici à présent, mesdames et messieurs, un grand moment de football, avec SAINT-DENIS NOISY-LE-SEC, Attention attention, vous allez voir ce que vous allez voir ».
Personne ne se laisserait prendre à cette comédie à répétition.
De toutes facons, au niveau des hautes instances décisionnelles, NOISY-LE-SEC, on n’en veut pas et la BANLIEUE 93 qui va avec non plus. Les gens qui animent ce club n’ont pas le bon profil. Ce sont des beurs dérangeants. Ils cassent les pieds à tout le monde, y compris au maire communiste local, descendant direct des élus rouges des années 50, et avec lequel ils n’ont pour le moins aucun atome crochu.
Ce serait le bouquet de voir ces gens là un jour au Stade de France !
Pour d’autres raisons, diamétralement opposées, l’hypothèse RACING 92 n’apparaît guère plus crédible. Quoiqu’au point où en sont les choses, rien n’est impossible, surtout si le pseudo club résidant ne constitue qu’un prétexte à des négociations plus ou moins claires entre l’état et le consortium.
Reste la deuxième possibilité. Elle nous ramène au début de ce long propos, et ne vaut que si les pouvoirs publics ont un vrai projet de club résidant.
On peut la formuler de la façon suivante :
-Quelle plate forme partenariale éventuellement pluridisciplinaire constituer, en tant que support structurel d’un grand club de banlieue ambitieux, fier de ce qu’il est, et à même de jouer un rôle non négligeable dans l’accompagnement sociétal des populations en difficultés d’insertion ?
-Quelle dotation en termes de gros sous pour lancer l’affaire (ensuite les sponsors viendront). Pour l’anecdote, le RACING 92 aurait trouvé un partenaire à hauteur de 40 millions par an. Bel effort, mais avec cette somme, il aurait juste de quoi payer 6 mois de loyer.
-L’impôt de 73 millions à verser au Consortium est-il vraiment justifié ? Peux-t-on ouvrir de nouveau la discussion à ce sujet ?
-Comment organiser avec la FFF et la Ligue Nationale l’accès immédiat à la D2 ou à la D1 d’un club constitué à cet effet, et ce sous couvert de l’intérêt supérieur de l’état (et des contribuables, qui n’auraient plus à sortir les 73 millions annuels à fonds perdus, puisque ce serait enfin le club résidant prévu par les accords qui le ferait sur son propre budget).
-Qui est à même de conduire ce vaste chantier ? Jusqu’à présent, le VARIETE CLUB DE FRANCE a tenu lors des expériences précédentes et en sous main, une place déterminante dans les grands choix stratégiques et de personnes. Ce n’est ni normal ni positif. Il s’agissait d’un effet de réseau. Placer à droite et à gauche des copains en difficultés sans se poser la question de leur compétence, part probablement d’un bon sentiment, mais à ce niveau là, c’est irresponsable.
-Ne serait-il pas possible de reconsidérer l’éventualité d’un deal entre AUBERVILLIERS et NOISY-LE-SEC comme axe de départ de cette proposition ? Ces deux clubs ont beaucoup d’atouts à faire valoir.

En tout état de cause, et à défaut de relancer la démarche sur des bases claires et saines, le Stade de France risque d’attendre encore longtemps son club résidant. Il est probable que pas mal de gens y trouvent avantage.



Nous en sommes toujours au même point en 2009. Entre temps, le Stade de France a coûté environ 12 millions d ‘euros par an au contribuables pendant de années, et le Consortium continue à profiter pleinement de la bonne affaire !

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